Homélie du Père Purpan
Fête- Dieu Si on est végan, végétarien, on a pu être horrifié par le récit du livre de l’Exode relatant le sacrifice des Hébreux, lorsque Moïse a reçu les paroles de Yahvé avec des holocaustes, des taureaux immolés et du sang versé sur 12 pierres puis aspergé sur le peuple pour signifier une Alliance. Autre temps, autre mœurs. Dieu merci. La Lettre aux Hébreux, relate le récit de la venue du Xt, qui n’a pas répondu le sang de boucs et de jeunes taureaux, mais son propre sang sur une croix. Il signifie ainsi qu’il est le médiateur d’une alliance nouvelle, d’un testament nouveau nous faisant obtenir une libération définitive. On a peut-être à revisiter l’expression du St Sacrifice de la messe…pour fêter Dieu.
« Dans cet Evangile, avant de partir vers le Mont des Oliviers, Jésus veut prendre un dernier repas avec ses disciples à Jérusalem. Marc nous donne des détails sur le lieu. Ce repas ne se fera pas dans un lieu de culte mais dans une maison, autour d’une table, dans une salle banale, une pièce aménagée et prête pour partager un repas. C’est la fête juive de Pessah, la fête des pains et Jésus en suivra le rite juif en y sonnant un nouveau sens. Les disciples vont préparer ce repas, comme nous, nous avons à nous préparer pour l’Eucharistie. Rappelons- nous la parole de Jésus dans St Matthieu : « prendre le temps de se réconcilier avec son frère puis revenir afin de présenter ton offrande ». C’est le sens de la demande de pardon du début de la messe…
« Ce repas n’est donc pas un sacrifice hébraïque mais le don de soi, le don de sa vie, le don du Xt à l’humanité. Jésus prend le pain et le donne. L’Eucharistie est un don d’où le beau geste humble et respectueux de tendre ses mains ouvertes, tendues pour le recevoir. Donner, cela fait vivre, cela fait homme, non seulement pour celui qui reçoit, mais aussi pour celui qui donne. Donner est une façon d’exister, existé pour l’autre. Donner provoque de la joie : joie des amoureux qui se donnent, de ceux qui partagent leur amitié, des familles qui donnent la vie…
« Ainsi est la joie de Jésus : il existe comme homme pour les autres. Il trouve sa joie dans le don de lui-même et il trouve le sens de sa vie en se donnant. Le Fils de Dieu ne donne pas une hostie. Il se donne. Le but de l’Eucharistie, du corps et du sang du Christ, de la Fête- Dieu, ce n’est pas du pain et du vin. Jésus a donné son corps et son sang, sa vie, en vue de son corps livré, donné pour nous et pour la multitude.
Le but de l’Eucharistie est que ceux et celles qui prennent et mangent le Corps du Seigneur deviennent son Corps. Il n’y a pas à s’extasier ou à adorer un si grand mystère. Ceux qui communient, de fait, construisent un seul corps, celui de l’Eglise. L’Eucharistie fait l’Eglise, fait la Cité de Dieu où se célèbre la fraternité où il n’y a plus ni riches, ni pauvres, ni juifs, ni païens, ni noirs, ni blancs, ni esclaves, ni hommes libres, ni hommes, ni femmes… Les murs, les cloisons, les chaines sont brisées ou abattus. Tous, libérés, nous pouvons être en communion. Il n’y a plus que des frères, tous enfants d’un même Père, qui est à l’origine du don de la vie éternelle. Heureux sommes- nous d’être pour cela, invités à ce repas…
Résonnent en nous les paroles de la prière eucharistique : « Humblement, nous te demandons qu’en ayant part au corps et au sang du Xt, nous soyons rassemblés par l’Esprit-St en un seul corps ». Amen !