Père Jacques Purpan.
XVe B. Dans le conte de Blanche-Neige et des 7 nains, un nain s’appelle …Timide. Il rougit facilement mais il a toute sa place dans ce conte. Dans la Bible, aujourd’hui, on fait mémoire d’hommes pas timides du tout : Amos, St Paul et les 12 apôtres. Chacun a reçu une mission et il a fallu du courage, un cœur bien trempé pour y répondre.
Regardons Amos, appelé par le Seigneur à être prophète. C’était une fonction à la cour du royaume de Béthel avec les rois Jéréboam. Il fallait prophétiser en faisant plaisir au roi, dans son sanctuaire. Rien de tout cela pour Amos qui, lui, est prophète libre de toute flagornerie pour dénoncer ce qui allait mal dans le Royaume. Sa prédication dérange, bouscule. Il est un prophète libre, un meneur dénonçant les injustices. C’est sa vocation.
Que de saints et saintes dans l’histoire de l’Eglise ont donné leur vie pour promouvoir la justice ! Et certains ont été martyrs à cause de cette cause. Amos, le gêneur, est prié par Amazias, bien installé dans sa fonction, de déguerpir de son pré carré, d’aller voir ailleurs. Amos rappelle vertement qu’il n’avait pas cherché à être prophète : il était bouvier, derrière un troupeau et prenait soin de sycomores, d’érables, aux multiples qualités pour la santé. Mais il a répondu à l’appel du Seigneur. Il a été « saisi », dit-il. Timide Amos ?
Et St Paul ? Il sait pourquoi il s’est battu, pourquoi il a fait naufrage, pourquoi il a été emprisonné et pourquoi il sera martyrisé à Rome. Il écrit aux Ephésiens que Dieu nous a « choisis », que Dieu nous a « prédestinés » pour recevoir sa grâce dans la connaissance du sens de la vie en Jésus-Christ.
Dans l’Evangile, ce jour-là, Jésus appelle 12 disciples, les envoie deux par deux, sans plan pré-établi, sans livret d’épargne, « pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie », sans valise pour mettre des tuniques de rechange. Ils ne peuvent compter que sur la générosité des maisons qui les accueillent. Il ne faut pas être timide pour inviter à se convertir, pour annoncer la Bonne Nouvelle, pour risquer sa vie, pour donner sa vie comme réponse à un appel. Cet appel, dans l’Eglise, peut trouver différentes formes pour servir.
Aujourd’hui, peu d’entre nous sont appelés à « chasser les démons » et « guérir des malades en faisant seulement des onctions d’huile ». Mais Dieu ne cesse pas d’appeler au XXI ème siècle pour d’autres services de l’Homme. On le voit dans d’innombrables engagements pour les Droits de l’Homme, pour les actions de solidarités luttant contre la pauvreté, y compris dans le monde entier, pour la santé, pour la citoyenneté, pour les migrants, pour notre « pachamama », pour notre Maison commune, la Terre. « Tout est lié », dit notre Pape.
On peut être bouvier, agriculteur, éleveur, viticulteur, apiculteur, informaticien, astronaute, dans la santé, généticien, artiste… et découvrir que le Seigneur a besoin de nous, non pas pour faire tourner une institution, mais parce que son Eglise a besoin d’hommes et de femmes qui annoncent prophétiquement l’Evangile.
Alors oui, posons- nous en ce temps de plus de liberté cette question : « A quoi Dieu m’appelle-t-il aujourd’hui ? » Jusqu’où je suis prêt à aller ? N’ai-je pas quelque chose à donner pour le service de l’Homme et pour le service de Dieu ?