Père Jacques Purpan
Le début de l’Evangile est très clair : des pharisiens veulent mettre Jésus à l’épreuve en lui posant cette question légaliste : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Ils veulent que Jésus se casse la figure et tombe dans ce piège sur la question du divorce avec la répudiation du mariage. Rappelons- nous la fin tragique de Jean le Baptiste ayant critiqué le divorce d’Hérode pour vivre avec Hérodiade, la femme de son frère. Pour se sortir du piège tendu, Jésus va renvoyer la question : « Que vous a prescrit Moïse ? ». C’est le top de la référence biblique pour les Pharisiens. Ils ne peuvent l’esquiver.
« Et Jésus rebondit sur la réponse donnée : c’est ainsi « à cause de la dureté de votre cœur »que Moïse a donné cette règle de répudiation. Ce n’est pas ce que voulait Dieu au commencement de la Création. Il a créé l’altérité grâce à la femme qui est au coté de l’homme. (Genèse 1,21-24). Avec elle, l’homme apprend le langage. Le 1er couple apprend à communiquer. Dieu n’a jamais voulu l’échec dans la relation homme-femme. Au contraire, nous reprenons dans le sacrement de mariage, ce qui fait le projet de Dieu : quitter sa famille pour l’homme et la femme, ne faire plus qu’un et ne pas se séparer.
« Les pharisiens ne pouvaient imaginer cette égalité entre hommes et femmes. Culturellement, qui alors répudiait, c’étaient uniquement les hommes. Jésus rappelle qu’à la base de la vie en couple, c’est le respect de cette égalité dans un amour réciproque. On n’est pas dans le droit. On est dans l’amour mutuel que l’on se doit. Jésus fait connaitre aux églises primitives, une perspective nouvelle.. Il n’était ni dans le rigorisme de la Loi, ni dans le laxisme.
« En Eglise, nous avons fait un grand pas avec l’exhortation apostolique d’Amoris Laetitia (5 ans). Un des maitre-mots de ce texte, qui est recommandé, est l’accueil. Pas le rappel à la loi, pas la référence au droit canon, même s’il est important de ne pas faire n’importe quoi. Avant, nous étions dans une Eglise pharisienne : que dit la loi ? que disent les commandements ? Aujourd’hui, nous cherchons une Eglise synodale marquée par le dialogue, la gratuité, par la compréhension, par la charité, par la miséricorde puisque Dieu est juste et amour. Une Eglise qui n’exclut pas mais qui accueille tous et toutes.
« C’est pour cela que nous avons à être attentifs, inventifs, accueillants ceux et celles qui ont connu l’échec dans leur 1er mariage en voyant avec eux quand ils le désirent profondément comment placer leur nouvelle union sous le regard de Dieu, de manière pacifiée, ayant vécu le pardon quand cela est devenu possible. Il y a parfois dans des existences chaotiques, des couples, des familles buttant sur des désillusions, des doutes, des tromperies et leur amour initial est gravement blessé. Ils ont voulu honnêtement écrire un projet de vie cohérent avec l’amour qu’ils se portent. La vie leur fait revoir leur copie. Mais ce n’est pas à ce moment-là que Dieu les abandonne, leur tourne le dos. Au contraire : Jésus a toujours privilégié un large accueil des exclus et des pécheurs … Et nous donc ?
« Pour nous ici, demandons à Ste Thérèse, que nous avons fêtée le 1er octobre, de nous aider à vivre la Mission d’annoncer l’Evangile au cœur de « la vie des gens ordinaires ».