Père Purpan -XIIIe dimanche
Les catéchumènes découvrent la Parole de Dieu avec cet Evangile Chez St Marc, il y a, le plus souvent, des enseignements de Jésus en paraboles. Pas de discours à la St Jean. Par contre, des faits et gestes en grand nombre, des guérisons, des miracles racontaient en si grand nombre que les contemporains de Jésus n’ont pas le temps de s’y arrêter. Ils se télescopent les uns avec les autres…
« Dès le chap. 1, c’est la guérison de la belle-mère de Pierre, les malades à Capharnaüm, puis un lépreux, un paralysé, un autre homme à la main paralysée, un possédé de l’autre coté de la mer, les malades de Gethsémani, la syro-phénicienne, un sourd-muet, un aveugle à Bethsaïde, un enfant épileptique. Seul Barthimée, un aveugle, a un nom.
« Aujourd’hui, arrêtons- nous à seulement deux guérisons : une jeune adolescente à la dernière extrémité et une jeune femme souffrant d’hémorroïsse. L’une a 12 ans et l’autre souffre depuis 12 ans. Elle a même dépensé tous ses biens pour être soignée ! 12 est le chiffre symbolique de la totalité : les 12 tribus d’Israël pour la totalité du Peuple de Dieu, les 12 apôtres pour faire Eglise, les 12 mois pour faire une année complète liturgiquement.
« Une, adolescente, est en état de perdre la vie et l’autre, femme, constate que sa vie n’en est pas une, car elle est impure, selon les mœurs religieux du Temple et donc exclue de toute vie sociale et affective.
« Jaïre demande à Jésus, qui fréquente sa synagogue, d’imposer les mains sur sa fille, de la toucher. La femme a aussi entendu dire qu’un certain Jésus accueille et guérit malades, boiteux, aveugles… Elle n’a alors qu’une idée en tête : se glisser dans la foule et venir toucher le vêtement de Jésus. « Si je parviens seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée ". C’est ce qu’elle parvient à faire, malgré la foule très nombreuse qui entoure Jésus. Elle touche son manteau et aussitôt, ses écoulements s’arrêtent. Elle sent, dans son corps qu’elle est guérie.
« Jésus, nous dit l’Évangile, se rendit compte qu’une " force était sortie de lui " au moment même où cette femme le touchait. Alors il se retourne et il interroge :" Qui a touché mes vêtements ? " Il a jeté un regard autour de lui et cette femme, toute tremblante, se jette à ses pieds et elle lui dit toute la vérité. Elle a pu vider son sac. Jésus l’écoute, bienveillant, compréhensif et lui dit : " Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et soit guérie de ton mal ». Ce qui peut nous frapper dans cette histoire, c’est le chemin de foi de cette femme. Au départ son désir est de toucher Jésus " par derrière ". Elle cherche en quelque sorte à " voler " une guérison, incognito, en catimini, en douce, à un homme de Dieu qui doit avoir des pouvoirs extraordinaires. Dans sa pauvreté matérielle, qui est-elle socialement par rapport à Jaïre, un des bienfaiteurs, un des chefs de la Synagogue ?
« Toute son histoire, toute sa vie changent de sens quand Jésus s’est retourné. Il veut la connaître, non pour la réprimander, mais pour entrer en relation avec elle. On n’entre pas en relation avec le Seigneur par derrière, mais face-à-face, les yeux dans les yeux, dans un échange de paroles. Jésus désire entrer en relation avec chacun de nous.…
Et nous, qu’est-ce qui nous touche dans la vie de Jésus ? Quand, dans la foi, dans la prière, on s’approche de Jésus, qu’attendons- nous ? Lui disons- nous toute la vérité sur nous-mêmes ? Nos failles ? Nos doutes ? Nos espoirs ?
« Et pour entrer en relation, il ne faut pas biaiser, dissimuler, paraître ce que l’on n’est pas. Il faut être vrai.
« Cette entrée en relation, Jésus en a pris l’initiative en se rendant dans le cercle restreint de la famille de Jaïre. Il éloigne de cette famille les pleureurs et celles qui poussent de grands cris ; il rassure Jaïre : « Ne crains pas, crois seulement ». Thalithat koum, dira Jésus. Fille, mets-toi debout ! Mais dans la Bible, d’autres ont entendu ce mot KOUM : Abraham KOUM, Jacob, Moïse, Samuel, David… Ils ont entendu cet appel. Cet appel nous touche nous aussi. Il s’adresse à nous : Kevin, Jean-Paul, Jade, Mathilde, Giovanny, Caroline Debout !
« Soyons honnêtes. Ne trichons pas. Le « Crois seulement » de Jésus est une invitation, une main ouverte mais c’est une invitation à laquelle il n’est pas si facile que ça de répondre. Reconnaissons-le. On n’est pas tous bardés de certitudes ! Devant cette non-évidence du croire, on peut ainsi se sentir plus proches, plus écoutants de ceux et celles qui ne croient pas. On se sent plus apte pour entrer en dialogue avec eux pour chercher ensemble la vérité.
« Devant les forces qui génèrent la mort, les exclusions, les atermoiements alambiqués, un chrétien est appelé à se mettre debout, à ne pas accepter ce qui parait difficile à changer dans le cours de notre vie terrestre, dans la marche du monde. Le Debout est un chemin de résurrection. On est appelé à se lever pour aider ceux et celles qui, spirituellement ou socialement, ont du mal à le faire.
« L’encyclique Fratelli Tutti du Pape François nous invite à développer cette fraternité universelle inséparable de la solidarité. Lisons-là. Face aux défis d’aujourd’hui (pas plus inquiétants que ceux d’hier) la foi, la confiance, l’Espérance, le croire sont de puissants antidotes contre les forces menant à la mort.
« Un dernier point à retenir, et ce n’est pas un détail dans le texte, ne comprenons- nous pas, dans cette invitation de Jésus à donner à manger à cette adolescente, comme une invitation adressée à nous tous de prendre part à l’Eucharistie ? Debout, nous avons besoin de l’Eucharistie comme l’aliment nécessaire sur notre route de mission, à l’image de ce qu’ont vécu les disciples d’Emmaüs participant à la fraction du pain et reconnaissant alors Celui qui marche sur leur chemin, sur notre chemin.
Oui, le message du Seigneur aujourd’hui à la femme guérie, à Jaïre et à nous tous, est bien celui-ci : « Croyons seulement et allons en paix ! »