Un gel hydro alcoolique… religieux ?
L’histoire a collé à l’appellation « Pharisien » un sens bien négatif. Pharisien est synonyme de fausseté, d’hypocrisie. Jérusalem, au temps de Jésus, est le cœur de la religion juive. Là se trouvait le Temple et tous les spécialistes de la religion, de ses règles, de ses rites. C’est là qu’étaient formés les scribes, ces érudits qui après de longues études, vers 40 ans, sont ordonnés comme interprète de la Loi., des décrets et ordonnances dont Moïse s’est fait le messager (cf. le Deutéronome, puis le Talmud). C’est à Jérusalem que fourmillent les Pharisiens. Hommes tout-venant, très pieux…ils veulent manifester scrupuleusement leur attachement à Yahvé, en rajoutant observance sur observance rendant la Loi de plus en plus difficile à observer par le petit peuple plutôt préoccupé par sa survie quotidienne.
L’Evangile nous raconte donc qu’une délégation de scribes et de pharisiens vient de Jérusalem pour observer, contrôler ce que dit et fait ce Jésus de Nazareth sorti de nulle part, inconnu des gens du Temple, sans diplôme religieux. Mais il a multiplié les pains, a guéri de nombreux malades, il parcourt le pays. Ils repèrent ce qui fait scandale à leurs yeux. Pourquoi ? Parce que ses disciples ne se lavent pas les mains avant de manger ! Nous le faisons de nos jours par hygiène (le gel !) .Les Pharisiens le font pour des raisons de pureté rituelle, de stricte religion.
De tout temps, les juifs ont cherché à se protéger du paganisme, des païens : tout ce qui est païen est impur. On risque de se contaminer. Il faut donc effacer ce risque par le lavage de coupes, carafes et plats, par des ablutions. .. ce qui attire leur désapprobation vis-à-vis des disciples de Jésus qui n’en font pas cas. La réponse de Jésus est cinglante : « Hypocrites ! ». Ils ne sont pas des ennemis de Jésus mais il est déçu car ces pharisiens perdent l’essentiel de la foi qui est recherche de la pureté, celle du cœur et de l’âme.
Jésus s’inspire des paroles d’Isaïe : « Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi » Hypocrites, le terme est violemment négatif. Hypocrite était celui qui, dans le théâtre antique, cachait son vrai visage sous un masque pour jouer un autre personnage. Il parait être celui qu’il n’est pas. Jésus souligne ainsi 2 dangers.
Le 1er est de rester crispé sur des rites extérieurs en pensant qu’ils nous sauvent de façon quasi magiques. Si je fais bien des salamalecs, c’est gagné. Si j’accomplis des rituels cathos, c’est tout bon. Les ainés s’en souviennent : il faut que je me confesse une fois par an…que je fasse mes Pâques,… que je ne mange pas de viande le vendredi, …que je sois à jeun une heure avant de tendre ma langue au prêtre… C’est alors tout bon. N’est-ce-pas en rester à la superficie de ma relation à Dieu ? L’essentiel n’est pas dans le rite ; il est dans l’amour de mon prochain.
Le 2e danger est le désaccord, plus ou moins grand entre nos lèvres et notre cœur. Quel cœur se cache sous les apparences ? Est-ce que je vis ce que je proclame dans mes convictions et mes prières ?
En fin de compte, Jésus aujourd’hui nous avertit. Attention à la pratique du « religieux » qui ne change pas grand-chose mais soyons joyeusement préoccupés par la foi en cet homme Jésus,Fils de Dieu, qui manifeste son désir de Dieu par des œuvres, en se mouillant ( !) non avec des ablutions mais dans la fraternité, l’amour de son prochain et du Seigneur.
P. Jacques