Père Jacques Purpan
Et pour nous, qui est Jésus ?
Jésus chemine comme un pèlerin ayant un but. Il y entraine ses disciples, il nous entraine toujours plus au large depuis qu’ils (nous) ont été appelés à être pêcheurs d’hommes. Car le message de l’Evangile ne relève pas de la recherche archéologique mais comme pour les disciples du temps de Jésus, ce message nous est adressé. Là, ils (nous) sont en pleine terre païenne. Le pèlerinage –quand on peut- est propice à la rencontre, au dialogue. (Emmaüs). Jésus se livre à une enquête d’opinion, auprès de ses disciples, le cercle rapproché. « Au dire des gens, qui suis-je ? »
« Ils répondent en citant de grandes figures du Peuple de Dieu : Jean le Baptiste, son cousin récemment décapité, Elie ou peut-être bien un des prophètes. Ces réponses montrent que les gens tiennent Jésus pour un grand envoyé de Dieu. Il prêche bien, avec des paraboles compréhensibles par tout le monde, il guérit des malades, des hommes, des femmes, des lépreux, des paralysés, il nourrit 5.000 hommes, bref ! S’il fait tout cela, c’est qu’il a forcément une mission divine. Du coté des disciples, on voit bien que c’est l’embarras. En quelque sorte, ils bottent en touche…
« Et vous, qui dites- vous que je suis ? Pierre spontanément répond avec justesse : Tu es le Xt. Tout est dit. Le groupe n’ira pas plus loin que Césarée de Philippe. Pas à pas, les disciples iront avec Jésus vers Jérusalem. On connait la suite. Mais jusque là, le silence est de mise ce que ne comprend pas Pierre. Quand on a des sondages en sa faveur, autant en profiter pour augmenter sa popularité, son audience qui permettra de prendre le pouvoir…et qui sait si Jésus ne pourrait pas prendre le pouvoir pour chasser les Romains ? Jésus a bien connu cette tentation démoniaque. L’incarnation du Fils de l’Homme n’est pas terminée et chacun est appelé à le suivre sans se dérober, comme l’a réalisé le prophète Isaïe. La question de Jésus nous est également posée. Quelle est notre réponse ? Que retenons- nous de son message ?
« Jésus donne deux orientations : renoncer à soi-même aujourd’hui. Pas facile du tout ! Déjà commençons par l’abnégation, la gratuité de nos choix, la générosité dans nos engagements pour les plus faibles, les innombrables « sans terre, sans toit, sans travail », par la préoccupation des autres générations, par le temps donné, offert…
Puis prendre une croix sur le dos…combien d’amis perdus, de malades, de souffrants, de blessés de la vie en portent une sans en avoir le choix. Qui d’entre nous n’en est pas témoin ? Jésus le fera. Il sait qu’il devra le faire. Il portera sa croix imposée. Là aussi quand la démarche de foi est au cœur de nos vies, on peut faire nôtre le fameux « Quoiqu’il en coûte ». Pour nous, ce peut être : Etre chrétien, quoiqu’il en coute !
« C’est bien ce que développe St Jacques dans sa lettre. Il nous interpelle vigoureusement sur le lieu de l’expression de notre foi : « Si quelqu’un prêtant avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ?…si la foi n’est pas mis en œuvre, elle est bel et bien morte ». Dans l’Histoire de l’Eglise, d’hier et d’aujourd’hui, combien de fois il a été posé des actes, des paroles en contradiction avec la Parole de Dieu ! Mais nous connaissons également de très belles figures qui témoignent de la mise en actes de leur foi (Abbé Pierre, Sr Emmanuelle, Pierre Claverie, les moines de Tibhérine…) inconnus au Panthéon ou aux Invalides. A nous de ne pas rester les bras croisés quand nous avons la foi en Dieu. Nous sommes justifiés par la foi au Xt et non par les actes de religion. Pour St Jacques, la foi n’est vivante que lorsqu’elle passe à l’acte. Cela s’appelle aussi la charité, l’Amour.
P. Jacques (XXIV ème dimanche, Année B)