4e dimanche de l’Avent

Père Jacques Purpan

Avec empressement…

Le récit de Luc commence par un épisode de vie de deux cousines. Les deux sont enceintes et à 1re vue, les deux de manière improbable puisque l’une est âgée et l’autre n’a pas connu d’homme. On est loin du raisonnable mais croire en Dieu est-il raisonnable ?

 

►Il est dit que Marie, ayant appris par l’ange Gabriel qu’elle allait être enceinte, se met en route vers la zone montagneuse de Judée pour rendre visite à Élisabeth. Elle est pressée de s’y rendre. Elle ne peut attendre ; il lui faut partager sa joie.Marie est donc une bonne marcheuse. A sa manière, elle aussi emprunte les chemins du Seigneur pour préparer sa venue et pour tracer son propre chemin, pour sa mission de Mère du Sauveur. Nous-mêmes pouvons être pressés de découvrir ce qui nous a mis en route dès notre baptême.

 

►Ce pourrait être un récit banal de deux cousines. Rien d’extraordinaire.Mais ce qui donne sens à cette rencontre, c’est qu’elle devient le lieu de la Révélation de la venue prochaine du Seigneur. Marie l’avait entendue annoncée par l’ange. Là, c’est une autre femme, Élisabeth, qui le lui annonce : « La mère de mon Seigneur vient jusqu’à moi ».L’une et l’autre saisissent dans cette rencontre, ce qui est en jeu.

 

►Dieu dans ce récit -et c’est ce qui est retenu par Luc- donne toute son importance au corps humain, à notre chair, à notre vie. Il nous a créé ainsi. Dieu est toujours du coté de ce qui naît, qui préfigure l’avenir. Ces deux femmes ont cru à l’annonce de cet à-venir. Marie est bénie entre toutes les femmes. Dans le ventre d’Élisabeth, son enfant tressaille de joie. On peut noter que dès ce 1er chapitre de Luc, l’action de l’Esprit-Saint se manifeste deux fois : dans le dialogue de l’ange Gabriel devant l’incrédulité de Marie (L’Esprit-Saint viendra sur toi). Puis le contenu de l’accueil de Marie par Elisabeth est inspiré par l’Esprit-Saint (Alors Élisabeth fut remplie d’Esprit-Saint).

 

►Peut-être, aurions- nous, nous aussi, à nous laisser plus souvent guidés par l’Esprit-Saint pour préparer la rencontre de l’autre, pour discerner ce qui peut se révéler dans l’inattendu qui surgit dans notre vie. Soyons atttentifs aux signes de l’Esprit.

Marie en fait l’expérience. La voilà invitée à entrer dans l’économie du salut en acceptant d’être mère du Seigneur. Elle porte l’Église, corps du Xt. Cette responsabilité, cette gestation, elle ne peut la garder pour elle. Elle concerne tout homme et toute femme qui, à travers le monde, espère le Messie, le Sauveur de l’humanité.C’est par une femme que Dieu nous rend visite en prenant chair… Nous n’en avons pas fini de méditer sur la Visitation de Dieu.

 

►Dans la vie de l’Église, le message évangélique d’aujourd’hui devrait nous aider à faire toute la place des femmes dans des postes de responsabilité, dans des ministères nécessaires à la vie du Peuple de Dieu. Tant que des hommes seulement (si possible célibataires), seront à des postes de responsabilité et de gouvernance, la vie de l’Église sera amputée des charismes féminins. Nous n’avons pas encore traduit dans les faits, les conséquences de la révélation portée par ces deux femmes, Marie et Elizabeth. Nous avons su inventer le cléricalisme, la captation d’un certain pouvoir.Il est plus que temps de vouloir donner leur place à nos compagnes de vie, y compris dans notre Église.Le Synode, ce chemin que l’Eglise nous invite à prendre, devrait nous faire avancer…

 

►Et enfin, ce que nous révèle l’Évangile d’aujourd’hui,c’est que la foi ne peut s’accompagner que de confiance. Étymologiquement, c’est évident.Marie et Élisabeth sont des femmes de foi avec à leurs cotés, nous ne pouvons les oublier, ,Joseph et Zacharie. Devant cet événement de leur maternité, elles font confiance aux paroles reçues de l’ange.

►Il nous arrive, nous aussi, d’être sollicités pour accomplir notre mission, pour répondre à notre vocation. En qui et en quoi mettons- nous notre confiance alors que notre foi en l’Église du Xt a pu être chahutée par ses (nos)contradictions, par ses (nos) infidélités, par son (notre)contre témoignage ?

Comme Marie, soyons pressés de prendre le chemin où nous pouvons tressaillir de joie.

19 décembre 2021